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Zeus, le roi des dieux, aima Sémélè la printanière et la rendit mère en pénétrant son sein d’une pluie fécondante. Tandis que grossissait en elle l’enfant divin, Sémélè eut l’imprudence de vouloir contempler son amant dans l’universel rayonnement de sa gloire ; mais les flammes et les éclairs de l’été dont Zeus était entouré foudroyèrent Sémélè qui, en mourant, laissa échapper le fruit immature de ses entrailles. Zeus se pencha pour recueillir ce fruit et l’enferma dans sa cuisse, sous des agrafes d’or, jusqu’à ce qu’il fût parvenu au terme automnal de sa croissance.

Ainsi naquit deux fois Dionysos, ou Zeus-Nysa ; et de là est venue la coutume populaire de dire, pour ceux qui jugent leur origine avec trop de faveur, qu’ils se croient sortis de la cuisse de Zeus.

Au pays des Indes est honoré le dieu Soma, qui eut une double naissance ; car d’abord étant prématurément jailli du feu, il fut transporté aux cieux par les invocations des prêtres et enfermé dans la cuisse d’Indra, génie du jour et de l’éther. Les nymphes, divinités des eaux, protégèrent l’enfance de Dionysos et le nourrirent dans une grotte sur le sommet du mont Nysa ; aux parois de la grotte pendaient les grappes de la vigne sauvage ; Dionysos en pressa le jus et découvrit le vin.

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Les juifs connaissent un élu de leur dieu qui, après le temps des grandes pluies, se trouva réfugié sur une haute montagne et, du suc des raisins, fit son enivrante boisson.

Quand Dionysos fut adolescent, il se mit à errer çà et là dans les profondeurs boisées des ravins, la tête couronnée des pampres de la vigne et des rameaux touffus du lierre et du laurier.

Toute la troupe des nymphes le suivait et le tumulte de leur marche emplissait l’immense forêt ; puis il alla par le monde et fut un conquérant inégalé, surmontant tous les obstacles, tous les dangers.

Dans la guerre des dieux contre les Titans, il accomplit maintes prouesses, inspiré par Zeus son père qui lui criait sans cesse «  Evohé », ce qui veut dire : courage.

Il échappa aux pirates tyrrhéniens et fut en Egypte. Les Egyptiens sacrifient à Osiris qui leur apprit à planter la vigne.

Partout où passa Dionysos, en Carie, en Lydie, en Capadoce, en Arabie comme en Thrace, en Théssalie, en Eubée et en Boétie, existe un mont Nysa. Dionysos épousa Ariane, l’abandonnée de Naxos, en fit, par son amour, une déesse et la transporta aux cieux.

Aux fêtes de Dionysos qui suivent les vendanges, on porte en tête du cortège une amphore de vin nouveau et un sarment de vigne; vient ensuite un bouc ; puis une fille qui tient une corbeille de figues, et un esclave présentant l’effigie d’un phallus dressé.

Les femmes qui se consacrent au dieu parcourent de nuit la montagne, agitant des flambeaux, couronnées de serpents et de feuillages, frappant les rochers de leurs thyrses enrubannés, allaitant chevreaux et louveteaux, et chantant d’une voix aiguë soutenue par le son des flûtes et des cymbales.

Les hommes, après le festin où les trompettes donnent le signal des libations, poursuivent les femmes à travers la vallée et les pentes ; et le jour qui revient trouve les Bacchantes muettes et prostrées devant l’éblouissement du soleil reparu.

« Bienheureux, a écrit le poète, bienheureux le mortel qui initié aux mystères divins, sanctifie sa vie, et, se livrant sur la montagne à de pieux transports, purifie son âme ! Bienheureux qui célèbre les vénérables orgies et le thyrse en main, la tête couronnée de lierre, se consacre au service de Dionysos. »

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Dionysos Zagreus Bacchus Diphues

Rubens, Deux satires, 1617 1618

Jeune Bacchus, Tommaso Salini, 17e siècle

Le livre de Thot, Aleisier Crowley, p65

Il est préférable d’examiner ces dieux comme s’ils n’en faisaient qu’un.

Zagreus ne nous importe que par le fait qu’il possédait des cornes et qu’il fut mis en pièces par les Titans (dans les mystères d’Eleusis). Athéna sauva alors son cœur et le remit à son père, Zeus. Demeter était la mère de Zagreus. Il est ainsi le fruit du mariage du Ciel et de la Terre.

Cela l’identifie au Vau du Tetragrammaton ; mais les légendes concernant sa « mort » se rapportent à la doctrine du Dévorateur.

Pourtant, l’aspect traditionnel de cette carte nous fait davantage penser à Bacchus Diphues, qui représente une forme cultuelle moins profonde, car l’extase caractéristique de ce dieu est plus magique que mystique.

Dionysus Zagreus requiert le nom de Iacchus, tandis que Bacchus a Sémélé pour mère.

Elle fut visitée par Zeus sous la forme d’un éclair qui la foudroya ; mais elle était déjà grosse de ses œuvres, et Zeus sauva l’enfant. Jusqu’à la puberté, il fut dissimulé dans la « cuisse » (c’est à dire le phallus) de Zeus. Héra frappa de Folie l’enfant pour se venger de l’infidélité de son époux avec Sémélé.

Cela se rapporte directement à notre carte.

L’histoire de Bacchus nous raconte, avant toute chose, qu’il était Diphues, d’une double nature… Sa folie est aussi un aspect de son ivresse, car il est le dieu du vin par excellence. Il se déplace à travers l’Asie en dansant, entouré de divers compagnons pleins d’un enthousiasme insensé. Ils portent des bâtons surmontés de pommes de pin et enguirlandés de lierre.

Ils font aussi résonner des cymbales, et quelques légendes les pourvoient d’épées ou les entourent de serpents. Tous les demi-dieux de la forêt servent de compagnons aux Ménades.

Dan ses représentations, son visage d’ivrogne et le faible état de son lingam le relient à la légende, examinée auparavant, du crocodile. Le tigre l’escorte constamment, et nous apercevons, sur les plus intéressantes illustrations de cette carte, un tigre ou une panthère qui saute sur lui par derrière tandis que le crocodile s’apprête à le dévorer par devant. Dans le récit de son voyage asiatique, on raconte qu’il alla à dos d’âne, ce qui le rattache à Priape qui, dit-on, fut engendré de lui par Aphrodite.

Cela nous remet aussi en mémoire l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem le Dimanche des Rameaux. Il est curieux que, selon la naissance légendaire de Jésus, la Vierge Mère ait été représentée entre un bœuf et un âne, en se souvenant que la lettre Aleph veut dire Bœuf.

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« Dans le culte de Bacchus, on choisissait un jeune homme jeune et viril, mais efféminé, pour représenter le dieu. Au cours des siècles, le culte dégénéra et d’autres idées se mêlèrent au fond originel. L’idée du Fou prit sa forme définitive, due en partie au caractère orgiastique du rituel.

On le représenta alors coiffé d’un bonnet nettement phallique, et revêtu d’une tenue bariolée, qui nous rappelle la tunique aux vives couleurs portées par Jésus et Joseph.

Ce symbolisme n’est pas uniquement Mercurien mais aussi Zodiacal. Joseph et ses douze frères ou Jésus et ses douze disciples figurent le soleil parmi les douze signes. L’attribution d’une signification alchimique à ceci ne se fit que bien plus tard, et ce à une époque où les érudits de la Renaissance s’efforçaient de découvrir quelque chose de sérieux et d’important dans les symboles qui étaient, en réalité, tout à fait futiles. »

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La Genèse de Moïse attire tout particulièrement l’attention sur ce point. Chacun se rappelle qu’il y est raconté que Noé planta la vigne. D’où venait la vigne, après le Déluge qui avait recouvert la terre, sinon d’une graine de raisin que l’inondation n’avait pas désagrégée ? C’est de cette graine soigneusement préservée, qu’est sortie la tige qui a produit une grappe, d’où Noé a tiré le vin. Or le vin est précisément la substance dont Melchisédech se servira quand il enseignera à Abraham un « mystère » considéré, encore aujourd’hui, comme celui qui relie l’Humanité au Divin. Car le Christ a eu soin – ainsi que St Jean le fait remarquer – de dire à ses apôtres qu’il était « la vigne » et cela avant même de pratiquer, à son tour, le « mystère du vin ».

M.F. NOUVEAU_PIOBB, « La Rose + Croix Johannite », OMNIUM Littéraire, PARIS, P.61