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saint graal

Selon la légende du Graal, Joseph d’Arimathie recueillit dans une coupe, la coupe utilisée au cours de la Cène, le sang qui coulait du flanc transpercé de Jésus crucifié. Il récupéra également la lance ensanglantée qui avait causé cette blessure. Après bien des péripéties, ces objets furent confiés au roi Titurel. Celui-ci construisit un château sur une haute montagne (le mont Salvat) et, entouré de saints et chastes chevaliers, il assura la garde des précieuses reliques. Le château du Graal devint un centre spirituel à partir duquel rayonnèrent de puissantes influences bénéfiques. Cependant, plus bas dans la vallée vivait un chevalier noir, Klingsor, qui n’était pas chaste mais qui voulait devenir chevalier du Graal. Le roi Titurel voyant son cœur rempli de mauvais désirs lui refusa son admission. Klingsor décida alors de se venger et il jura que s’il ne pouvait pas servir le Graal, le Graal le servirait. Klingsor se mutila afin de conserver sa force créatrice et il devint un magicien noir. Il bâtit un château entouré d’un jardin magique qu’il peupla de filles d’une grande beauté émettant le parfum des fleurs. Les chevaliers qui se rendaient au château du Graal ou qui en revenaient devaient obligatoirement passer devant la demeure de Klingsor et ils étaient attirés et séduits par les filles-fleurs. Beaucoup d’entre eux manquaient ainsi à leur vœu de chasteté et ils devenaient prisonniers du magicien noir. Le roi Amfortas, qui avait succédé à son père Titurel, constatant les ravages ainsi causés dans les rangs des gardiens du Graal, décida de combattre Klingsor. A cette fin, il s’arma de la sainte lance. Mais Klingsor évita la confrontation et il lui fit rencontrer Kundry, une femme resplendissante de beauté, la reine des filles-fleurs.

Saint graal

Amfortas succomba finalement aux charmes de Kundry et, tandis qu’il l’enlaçait, Klingsor surgit, s’empara de la sainte lance et blessa Amfortas désarmé. Celui-ci fut sauvé par des chevaliers accourus à son secours, mais il resta affligé d’une blessure qui ne pouvait pas guérir, et la sainte lance était maintenant aux mains de Klingsor.

Amfortas souffrait atrocement de sa blessure, à la fois physiquement et moralement. Pourtant, il existait une prophétie disant qu’il pourrait être guéri par « un chaste fou, illuminé par la pitié ». Mais le roi pensait que la mort viendrait avant que cette occasion se présente.

Un jour, Parsifal, un jeune ingénu au cœur pur, arriva par hasard au château du Graal.

Parsifal, dont le père était mort en combattant au loin, avait été élevé par sa mère dans une épaisse forêt afin de le tenir à l’écart de l’agitation du monde et des dangers de la guerre. Les chevaliers pensent que Parsifal pourrait bien être celui qui serait capable d’accomplir la prophétie. Parsifal assiste de loin à la célébration du service du Graal, dont l’objet est de soutenir l’ardeur des chevaliers en les incitant à mener une vie pure et secourable. Le roi Amfortas redoute cette cérémonie car lorsqu’il découvre le saint calice (le Saint Graal) sa blessure recommence à saigner douloureusement. Sans comprendre pourquoi, Parsifal, ému de compassion, ressent la terrible souffrance d’Amfortas. Mais lorsque les chevaliers l’interrogent après la cérémonie, il est incapable de s’expliquer et il est finalement mis à la porte du domaine.

Perceval

Parsifal, en s’en allant, se dirige vers le château de Klingsor. Celui-ci le guette et se méfie de lui, car c’est un fou, un fou ignorant la sagesse du monde (sagesse qui consiste principalement à défendre ses intérêts et à profiter autant que possible des avantages et des plaisirs du monde). Celui qui possède cette sagesse peut être pris facilement au piège des filles-fleurs, mais la simplicité de Parsifal le protège.

Quand les filles-fleurs s’assemblent autour de lui pour le tenter, il apprécie seulement leur beauté et leur parfum.

Klingsor juge alors nécessaire d’utiliser le puissant pouvoir de séduction de Kundry. Celle-ci fait appel aux sentiments de Parsifal. Elle lui parle de l’amour que sa mère éprouvait pour lui et du chagrin qu’elle a ressenti lors de son départ. Elle lui dit qu’il existe un autre amour entre un homme et une femme, un amour qui pourrait combler ses désirs, et elle imprime longuement sur ses lèvres un ardent baiser …

Un lourd silence s’établit … Parsifal est profondément troublé. Mais le souvenir de l’atroce souffrance d’Amfortas lui vient à l’esprit et le calice du Graal lui apparaît. Il se libère alors des bras de Kundry en s’écriant :

« Je connais maintenant l’affreuse tentation qui affole mes sens … Je sais pourquoi le monde entier est troublé, agité et souvent honteusement égaré par les épouvantables passions du cœur… Car l’amour qui brûle en toi n’est que sensualité, et entre cet amour et celui d’un cœur pur il y a un abîme aussi profond que celui qui sépare le Ciel de l’Enfer ».

Lorsque Kundry doit s’avouer vaincue, elle entre dans une violente colère et elle fait appel à Klingsor. Celui-ci arrive armé de la Sainte Lance qu’il jette avec force sur Parsifal.

Mais la pureté de Parsifal le protège et la Lance plane inoffensive au-dessus de sa tête. Il la saisit et il fait avec elle le signe de la croix. Le château et le jardin magique de Klingsor tombent aussitôt en ruines.

Pendant des années, Parsifal va parcourir le monde et il rencontrera de nombreuses difficultés.

Jamais, cependant, il ne fera usage de la sainte lance pour combattre un ennemi ou pour subvenir à ses besoins personnels.

Il ne s’en servira que pour soulager des affligés, nourrir des affamés ou guérir des malades.

Après toutes ces tribulations, il arrive un jour au château du Graal. Cette fois-ci il est accueilli avec joie par les chevaliers, qui reconnaissent la sainte lance. Parsifal approche la Lance de la blessure du roi. La plaie se referme, Amfortas est guéri.

Parsifal reste définitivement au château du Graal. Il succède à Amfortas et il devient le roi et le gardien du Graal.

 « Le riche Pêcheur » : Perceval

On discute toujours de l’origine de Perceval, partie intégrante du mystère du Dieu-Poisson Sauveur, et de celui du Saint-Graal. Il semble certain qu’elle apparaît d’abord en Bretagne, la terre bien-aimée de la Magie, le pays de Merlin, des druides et de la forêt de Brocéliande. Quelques érudits pensent que la forme galloise de cette tradition, qui doit en grande partie son importance et sa beauté au Cycle Arthurien, est encore plus ancienne. Cela est hors de notre propos, mais il est essentiel de comprendre que cette légende comme celle du Fou, est d’origine purement païenne, et qu’elle ne nous est parvenue que sous une forme latine révisée par les Chrétiens.

Nous n’en trouvons nulle trace dans les mythologies nordiques. (Perceval et Galaad étaient innocents » ; c’est une condition pour être gardien du Graal.)

Nous remarquerons aussi que Montsalvat, la montagne du Salut, demeure du Graal, forteresse des Chevaliers Veilleurs, se trouve dans les Pyrénées.

 

Il est judicieux d’introduire maintenant la figure de Perceval, parce qu’il incarne la forme occidentale traditionnelle du Fou et que sa légende fut élaborée par d’érudits initiés. (La mise en scène dramatique du « Parsifal » de Wagner fut faite par celui qui était alors le responsable de l’O.T.O.*

Au premier acte Perceval est « Der reine Thor » (Thor le pur), le parfait Innocent. Il commence par tuer le cygne sacré. C’est l’irréflexion de l’innocence.

Au second acte, elle lui permet de résister aux charmes des femmes dans le jardin de Kundry, Klingsor le magicien noir, qui pensait répondre à la vie par une mutilation volontaire, projette avec force la lance sacrée (qu’il a dérobée sur la Montagne du Salut) sur Perceval, mais elle reste suspendue au dessus de la tête du garçon.

Perceval s’en empare ; en d’autres termes il atteint la puberté. (Cette transformation sera examinée dans d’autres histoires symboliques.)

Au troisième acte, l’innocence de Perceval se transforme en sanctification.

Il est devenu le Prêtre initié qui a pour fonction de créer ; c’est le Vendredi Saint, le jour des ténèbres et de la mort…

Où découvrira-t-il son salut ?

Où est Monsalvat, la montagne du salut, qu’il chercha en vain si longtemps ?

Il adore la lance.

Immédiatement, la voie, qui lui fut si longtemps fermée, s’ouvre. Le décor change rapidement ; il n’est nul besoin pour lui, de se mettre en marche.

Il est arrivé au Temple du Graal.

Tous les cultes rituels authentiques doivent posséder des caractéristiques solaires et phalliques. C’est la blessure d’Amfortas qui éloigna la vertu du temple. (Amfortas symbolise le Dieu Agonisant.) Alors, à fin de rédemption totale, pour détruire la mort, pour consacrer le temple à nouveau, il suffit à Perceval de plonger sa lance dans le Saint-Graal. Il se rédime lui-même en même temps que Kundry. (Ceci est un enseignement qui ne peut être pleinement compris que par les membres du Souverain Sanctuaire de la Gnose, détenteurs du neuvième degré de l’O.T.O.)

*(Ordo Templi Orientis) est un ordre Initiatique d’Inspiration Tantrique fondé par Karl Kellner en 1895. Il fut le premier Ordre à accepter l’enseignement contenu dans « Le livre de la loi ». Aleister Crowley sous le nom de Baphomet, le dirigea de 1922 à 1947.)

CHRÉTIEN DE TROYES ET LE GRAAL

Né en Champagne vers 1135, Chrétien de Troyes écrivit en français d’époque divers romans basés sur les thèmes traditionnels. On peut citer Guillaume d’Angleterre, Érec et Énéide, Cligés ou la Fausse Morte, Yvain le Chevalier au lion, Lancelot le Chevalier à la charrette, qui sont des romans d’aventures. Un Tristan, (le premier en français), a été perdu. Ensuite, peut être devenu prêtre, l’écrivain commença un récit d’aventure mystique, le célèbre Perceval, dans lequel apparaît enfin le Graal. Chrétien de Troyes fréquentait les cours de Champagne et de Flandres plutôt que la célèbre cour d’Aliénor d’Aquitaine.

Il y exprimait toute la perfection de son art de l’écriture lorsqu’il mourut  vers 1190, laissant deux œuvres inachevées, Lancelot et, hélas, Perceval.

Les romans de Chrétien ne devaient pas être contés mais lus à voix haute devant une assistance, comme cela se pratiquait habituellement à l’époque.

Pour soutenir l’attention des auditeurs, Chrétien associait donc avec beaucoup de soin la richesse de l’ornement, la forme narrative et le rythme de la diction. Sa  façon littéraire achevée est caractérisée par la fantaisie des descriptions, la dynamique des dialogues et l’expression poétique des vers octosyllabiques, hélas intraduisibles en français moderne.

Au début de l’histoire, le personnage Perceval est un jeune homme très naïf, presque idiot qui ne connaît même pas son nom. Il habite avec sa mère qui l’élève à l’abri des tentations.  Dans la forêt, il rencontre un jour des chevaliers du roi Arthur et veut le devenir.

Il quitte sa mère, la voit tomber à terre mais ne revient pas en arrière. Il parvient sans encombre à la cour du roi Arthur  qui vient d’être bafoué par un inconnu. Il y pénètre à cheval, défie le félon, le tue, prend ses armes et son cheval, puis quitte le château. Perceval rencontre Gornemant de Goort, (un prud’homme, un preux), qui lui apprend l’art du combat et l’arme chevalier. Il est  reçu dans le château de Blanchefleur qui le prie de combattre ses ennemis et l’initie aux choses de l’amour. Après avoir vaincu Clamadeu, Perceval envoie ses prisonniers au roi Arthur.

Poursuivant son errance, il rencontre le Roi Pêcheur, un infirme qui l’invite en son château. Perceval ne s’en étonne point, et non plus quand ce roi lui remet une épée extraordinaire. Il ne pose aucune question devant le défilé fantastique du cortège du Graal. Il s’endort mais le lendemain, le château est vide. Par manque de questions, Perceval a manqué le Graal et le roi n’a pas été guéri. Ayant perdu sa mère, Perceval devra reprendre sa quête.

C’est dans ce roman de Chrétien de Troyes que le Graal apparaît pour la première fois. « Tandis qu’ils causent à loisir,  paraît un valet qui sort d’une chambre voisine, tenant par le milieu de la hampe une lance éclatante de blancheur. Entre le feu et le lit où siègent les causeurs, il passe. Et tous voient la lance et le fer dans leur blancheur.

Une goutte de sang perlait à la pointe du fer de la lance et coulait jusqu’à la main du valet qui la portait.

Alors viennent deux autres valets, deux fort beaux hommes, chacun en sa main un lustre d’or niellé. Dans chaque lustre brûlaient dix cierges pour le moins. Puis apparaissait un graal que tenait entre ses deux mains une belle et gente demoiselle, noblement parée, qui suivait les valets.

Quand elle fut entrée avec le graal, une si grande clarté s’épandit dans la salle que les cierges pâlirent comme les étoiles ou la lune quand le soleil se lève.  Après cette demoiselle en venait une autre, portant un tailloir d’argent. Le graal qui allait devant était de l’or le plus pur.  Des pierres précieuses y étaient serties, des  plus riches et des plus variées qui soient en terre ou en mer, et nulle gemme ne pourrait se comparer à celles du graal.  Tout ainsi que passa la lance devant le lit, passèrent les demoiselles pour disparaître dans une autre chambre. »

Perceval revient près d’Arthur et se mure dans une méditation étrange. Et le roi se tourne donc vers son neveu préféré, le chevalier Gauvain (Gwalchmai) qu’il envoie à la recherche du Graal.

Pendant que Gauvain se prépare à partir, une hideuse demoiselle, montée sur une mule, apparaît. Messagère du Graal, elle insulte Perceval qui l’a manqué, le sort de sa torpeur et tente de lui donner une autre mission, celle de délivrer la prisonnière du Château Orgueilleux. Perceval continuera à rechercher le Graal tandis que les autres chevaliers vont chercher le château.

Il y a deux quêtes différentes mais parallèles, deux voies et deux méthodes de recherche. Chrétien de Troyes en décrit complaisamment les merveilleuses péripéties impliquant des lieux et des personnages divers, et c’est plutôt à Gauvain qu’il s’attache.

Il est inutile de poursuivre plus avant cette étude, car Chrétien interrompt le récit à ce niveau et nous ne savons pas ce qu’il imaginait de la nature et du rôle du Graal. Seule la lance sanglante semble évoquer une vengeance celtique rituelle. Chrétien était-il mort ?

On constate que ses deux continuateurs ont aussi, et successivement, arrêté la suite du conte avant la fin. C’était probablement une simple gageure ou un jeu d’artistes.

Le roman de Chrétien de Troyes a donc reçu à l’époque plusieurs suites déclarée, (ou continuations dites Pseudo-Wauchier, Manessier…). Ce sont aussi des romans courtois avec bien des féeries et des aventures amoureuses et guerrières.

Elles la complètent néanmoins et commencent une évolution vers la christianisation du mythe. L’auteur de la « Première continuation » est inconnu.

Le texte reprend le récit au point où Chrétien l’a interrompu. Repartant à l’aventure, Gauvain est reçu dans le château d’un preux blessé.

Ces diverses suites n’ont pas la qualité littéraire des œuvres qu’elles s’efforcent de suivre.

Pendant le repas, il voit passer le cortège du Graal, avec la lance qui saigne, le tailloir d’argent, puis le Graal porté par une  jeune fille qui pleure suivie du cercueil d’un chevalier mort portant une épée brisée sur la poitrine. Les questions de Gauvain auront des réponses s’il peut réparer l’épée brisée.

Il faut ici les mériter.

Gauvain ne répare pas  l’épée et s’endort.

Puis il reprend sa quête et retrouve le château du Graal.

Au cours du repas, le cortège apparaît de nouveau. La table se couvre alors magiquement de mets savoureux de par la fonction nourricière du Graal. Mais, de nouveau, Gauvain ne peut réparer l’épée. Mais ici, le roi veut bien répondre aux questions. Gauvain reçoit quelques réponses qui amorcent la christianisation du mythe. La lance n’appelle plus la vengeance. Elle serait celle de Longin qui a frappé le Christ en croix. Elle saignera jusqu’à la fin des temps.

L’épée brisée a tué le roi du cercueil et causé le dépérissement de son royaume. Hélas, Gauvain s’endort encore avant de savoir ce qu’est le Graal, et se retrouve le matin sur une falaise en bord de mer. Le récit s’interrompt là, sans conclusion, comme celui de Chrétien de Troyes. L’auteur de la « Seconde continuation » abandonne Gauvain.

Son héros, c’est Perceval qui entre aussi dans un château et y trouve un jeu d’échec qui joue seul et si bien qu’il le bat. Furieux, Perceval le jette par la fenêtre au grand déplaisir d’une jeune fille qui l’avait reçu de la Fée Morgane.

les Cathares et le Graal

Dans les années 1930, apparaît le Graal Cathare. Cette thèse soutenue entre autre par A. GADAL et D. ROCHE fut portée à son sommet par le romancier allemand Otto RAHN via son livre « croisade contre le Graal » dans lequel il défend que le Parzival de Wolfram von Eschenbarch s’inspire directement de la réalité occitane du XIIIème siècle.

Extrêmement pauvre en ressources, RAHN est parti de Genève avec son ami suisse, Paul Aléxis Ladame en 1930 ; une fois sur place il est soutenu par des français comme la comtesse rosicrucienne Pujol Murat et encouragé par le romancier Maurice Magre et la société des Polaires.

C’est seulement après le succès de son livre Croisade contre le Graal (récemment paru en anglais pour la première fois en 73 ans) que les Nazis s’intéressent à lui.

Principalement c’est Karl Maria Wiligut dit « Weisthor » qui entreprend les démarches nécessaires pour lui offrir une position « civile » dans le SS comme historien ; en 1936 il est incorporé définitivement dans cette organisation.

Mais les thèses soutenues par Rahn dans son livre ne sont pas nouvelles ; il présente les théories de son père spirituel – Antonin Gadal. Au fond Rahn y présente le livre de Wolfram « Parzival » comme une pièce de littérature cathare « voilée ».

MONTSEGUR ?

PERCEVAL ET GRAAL ?

CHEVALIERS ET TABLE RONDE ?